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Fresnay-sur-Sarthe, dans la tourmente de la guerre de Cent Ans

Petite cité de caractère proche des « Alpes mancelles », Fresnay-sur-Sarthe est arrivée, en 2021, en finale de l'émission « Le village préféré des Français » . C'est dire sa richesse touristique et patrimoniale que nous n'exposerons pas ici...


vue aérienne de Fresnay


vue prise du parc du château

Nous vous invitons à découvrir son passé médiéval, notamment à l'époque tourmentée de la guerre de Cent Ans dans le Maine. En effet notre région fut très disputée entre les Anglais et les Français fidèles aux Valois. Rappelons à ce sujet la bataille de Pontvallain gagnée par Du Guesclin et le connétable de Clisson sur l'armée anglaise dirigée par Knolles, le quatre décembre 1370 et, le lendemain, la prise du château de Vaas (lire l'article publié par Ph. Landais dans la VMS N° 458 de décembre 2018).

Avant ces années troublées, le Moyen Âge est une période de prospérité et le bourg se développe à l'abri de ses remparts bien entretenus. Plusieurs monuments édifiés aux XII et XIIIe siècles en témoignent : la Cave du lion, l'église Notre-Dame avec son magnifique portail, typique de l'architecture romane du Haut-Maine. Sans oublier le château qui remonte au XIe siècle, construit pour défendre un lieu stratégique.

Mais la place-forte va entrer dans l'Histoire avec Ambroise de Loré, capitaine de Fresnay de 1418 à 1420 et compagnon de Jeanne d'Arc.

Né vers 1395 au château de Loré, à Oisseau en Mayenne, Ambroise de Loré participe à la bataille d'Azincourt, en 1415, et échappe au massacre de la chevalerie française. Il suit le parti des Armagnacs contre celui des Bourguignons et reste attaché au dauphin Charles qu'il soustrait aux mains des Bourguignons. Dans la mouvance du duc d'Alençon, Loré prend part à  plusieurs batailles et harcèle les Anglais avec de hardis coups de mains. Capitaine de Fresnay de 1418 à 1422, il défend le Maine et s'empare brièvement du Mans. Gouverneur de Sainte-Suzanne où il est fait prisonnier puis libéré contre rançon, il poursuit la lutte et prend le château de Malicorne.


ruines du château


l'église, place de la République

En 1420, la ville tombe définitivement aux mains des Anglais et une garnison s'y installe pendant trente ans. Elle en est délivrée en 1450 par les armées du duc d'Alençon, propriétaire de la ville depuis le XIVe siècle Vaillant capitaine, Loré devient l'un des compagnons d'armes de Jeanne d'Arc, en 1429, aux cotés d'Étienne de Vignolles, dit La Hire, de Jean d'Orléans, comte de Dunois, de Gilles de Rais et de Xaintrailles. Il suit Jeanne d'Arc du siège d'Orléans jusqu'à Reims : Jargeau, Beaugency, en passant par la victoire de Patay.... souvent aux postes les plus exposés. Parmi ses faits d'armes notons la défense de la place de Saint-Cénery-le-Gérei, à la demande du duc d'Alençon; après cinq sièges inutiles par les Anglais, il ne capitule que devant une armée de 15 000 hommes mais sera libéré. De chevauchées en escarmouches, on le voit aussi à Sablé et à Vivoin où il s'illustre à nouveau.


La Poterne


Plaque commémorative apposée sur la porte du château

Il participe activement à la reprise de Paris pour le roi Charles VII qui lui confère en retour le titre de chambellan et la charge de prévôt de Paris, en 1436. Il y meurt dans ses fonctions le 24 mai 1446, sans se douter qu'il entrera dans l'Histoire dans l'ombre d'une jeune fille brûlée à Rouen en 1431. Ambroise de Loré laissera le souvenir d'un capitaine intrépide et juste, soucieux du bien-être des populations libérées, même s'il est moins connu que ses compagnons d'armes précités.

Crédits photos: Ville de Fresnay-sur-Sarthe, tous droits réservés
Nous remercions Odile Leconte, adjointe au maire chargée du patrimoine, et Lauréna Salion, chargée de patrimoine, pour les informations historiques et les illustrations qu'elles nous ont communiquées.

Pour en savoir plus :
- article sur Fresnay-sur-Sarthe paru dans la VMS N° 469 en juin 2021
- Le roman du sire de Loré, de François Clément, paru en 1984 chez Laffont. Disponible sur Internet

À Azincourt, le sire de Loré a 15 ans et il meurt en 1446 à Paris, soit 31 ans à guerroyer sans discontinuer, toujours fidèle à ses engagements. Au delà du Maine et de ses faits d'armes à Fresnay, Sainte-Suzanne, Saint-Génery, la prise du Mans... il mène de nombreuses incursions en Normandie. Pour l'anecdote, en septembre 1423, averti que les Anglais vont passer sur les frontières du Maine avec un convoi de 1 200 boeufs et vaches enlevé en Anjou, il prévient le duc d'Aumale, prépare la bataille de la Brossinière et, le premier à l'escarmouche, décide de la victoire par une attaque au flanc. Nul doute, il avait mangé du lion!
Le 24 août 1429, il rallie à Senlis Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon et se soumet à Charles VII qui le nomme gouverneur de Lagny, place de première importance qui commande le passage de la Marne. En 1432,après avoir lutté contre les Bretons,il réconcilie les deux ducs d'Alençon et de Bretagne. Passons sur bien d'autres exploits.


le blason familial

Pour ses nombreux services rendus, le roi le nomme chambellan et lui donne la charge de prévôt de Paris. Après la libération de la ville, on le verra encore à la prise de Meaux et à celle de Pontoise, tout en assumant ses fonctions de prévôt. Avec ses compagnons, Ambroise de Loré aura effacé la honte de Crécy et d'Azincourt.

Retour aux choix

La présence d'Ambroise de Loré est signalée à la cour dès la fin mars ou début avril 1429. Il rencontre le duc d'Alençon près de la reine Yolande d'Anjou un jour qu'il vient s'entretenir avec elle d'un convoi de vivres que l'on va diriger vers Orléans. Quand l'heure du départ fut venue, c'est sur lui que le dauphin jette les yeux pour conduire Jeanne d'Arc à Blois où vont se concentrer les troupes. Il part ensuite pour rejoindre l'élite de la chevalerie française sous les murs d'Orléans. Il se distingue sous les yeux de la Pucelle dont, fort de son expérience militaire, il n'appréciait pas tous les avis. Peu à peu notre farouche soldat se rend compte qu'elle a un ascendant remarquable sur les troupes qu'elle galvanise, et il la suit à toutes les étapes de la chevauchée fantastique vers Reims, souvent à l'avant-garde. Il est chargé de nombreuses missions périlleuses.


Portrait de Charles VII

En 1431, occupé ailleurs, il ne sera malheureusement pas disponible pour secourir Jeanne alors que les autres capitaines sont rentés sur leurs terres pour se reposer ou y mettre de l'ordre. Seul Xaintrailles, apprenant sa condamnation, tentera un coup de mains d'une extrême hardiesse, avec seulement une douzaine d'hommes d'armes, pour la délivrer. Il tentera en vain de s'emparer du fort attenant aux remparts de Rouen où elle était prisonnière et dut battre en retraite. Gilles de Rais fut très affecté par la mort de Jeanne d'Arc ce qui, aux dires de certains, lui chamboula la tête (et le coeur?). Vrai ou faux, allez savoir, l'histoire a sa part de rêve et de mystère ?

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Francis Landier