Le 16 mars 1789, pour un premier rassemblement, les membres des trois ordres se retrouvèrent ensemble dans la nef de l’église de la Couture : la Noblesse à gauche, le Clergé à droite et le Tiers-État au centre. Tous assistèrent à une messe du Saint-Esprit célébrée par Mgr de Jouffroy-Gonssans.
Par la suite, le marquis de Faverolles, grand sénéchal du Maine, prononça le discours d’ouverture sans manquer d’appeler les délégués à des sentiments de concorde et de sagesse. Les trois ordres allèrent se réunir ensuite séparément.
Pour la Noblesse :
Les gentilhommes se retrouvèrent au collège de l’Oratoire, dans la Salle des Actes* et rédigèrent leurs cahiers de doléances. Ils siégèrent souvent jusqu’au 29 mars, date où ils procédèrent à l’élection de leurs délégués.
Photo extraite de
La "salle des actes" du lycée Montesquieu du Mans,
comme lieu de mémoire par Gérard Boëldieu, illustré par André Vivet
Photo fournie par l'association des amis du Lycée Montesquieu
* La Salle des Actes ferme la cour d’Honneur de l’actuel lycée Montesquieu.
Pour le Clergé :
Les 942 membres du Clergé regagnèrent l’église du couvent des Jacobins afin de voter.
Le couvent des Jacobins
L’église, le couvent et l’enclos des Jacobins se situaient dans la paroisse Saint-Nicolas. Ils furent vendus le 1er octobre 1791 au conseil général de la Ville du Mans. Les 5 cloches de l’église des Jacobins pesant ensemble 1699 livres furent envoyées à la fonderie d’Orléans le 20 décembre 1791.
L’ensemble fut détruit dans les années suivantes, ainsi que le couvent des Cordeliers limitrophe. Par la suite, la place des Jacobins y fut créée.
Sources :
Girault Charles, La vente des biens nationaux situés dans la Ville du Mans, extrait de La Révolution dans le Maine, 1933
Triger Robert, Études historiques et topographiques sur la Ville du Mans, rééd. La Tour Gile, 1994
Pour le Tiers-État :
Les délégués se retrouvèrent dans la chapelle du collège de l’Oratoire. Après la rédaction de leur cahier de doléances, ils décident des noms des membres de leur future délégation.
La chapelle ci-dessus était l’église de la Paroisse Saint-Ouen des Fossés. Elle existe toujours et se tient face à l’imposante grille d’entrée du même établissement.
La chapelle de l'Oratoire, dans l'enceinte du lycée
Sources :
Bouvet J. Chaussumier J. Delaperrelle J.P. Du Collège de l’Oratoire au Lycée Montesquieu. 400 ans d’enseignement au Mans. ITF éditeur
Députés du Tiers-État
René Enjubault de la Roche, juge civil, de Laval
Gilles Héliand, changeur pour le roi, du Mans
Pierre Jouye-Desroches, lieutenant général en la sénéchaussée du Mans
Pierre de Vaussenay, négociant en toiles, de Laval
Michel Maupetit, avocat général, de Mayenne
Joseph de Lalande, lieutenant de maire, d’Ernée
François Gournay, juge, de Mayenne
Gabriel Chenon de Beaumont, conseiller, du Mans
François Ménard de la Groye, juge en la sénéchaussée, du Mans
Il reçut le baptême au Mans, le 16 octobre 1742. Élu député du Tiers-État, il prêta le serment du Jeu de paume. Il intervint contre la déportation des prêtres et proposa de prélever un droit sur chaque nouveau-né !
Le 28 vendémiaire An IV, il occupa le poste de juge au tribunal de la Sarthe, fut décoré de la Légion d’honneur en l’An XII. Le 2 avril 1811, il accéda au poste de 1er Président à la Cour impériale d’Angers. En 1813, il a été fait baron d’Empire. Il décéda le 12 août 1813, à Angers.
Registres paroissiaux
Robert A. Cougny G. Dict. des parlementaires français, 2000, Slatkine Reprint
Wikipedia
Les délégués du Clergé du Maine :
René Bourdet, curé de Bouère.
Louis Bertereau, curé de Teillé.
Charles Emmanuel Lepeltier de Feumusson, prieur-curé de Domfront-en-Champagne.
François Grandin, curé d’Ernée.
François Grandin
François Marie Christophe Grandin, curé d’Ernée (53), reçut le baptême le 15 avril 1755, à Exmes (Orne). Curé d’Ernée en 1787, il assista au synode du Mans en 1788. Élu député du Clergé, il prit parti pour le bas clergé. Il émigra et devint aumônier dans l’armée de Condé. Rentré en France en 1801, il occupa la cure de Pré-en-Pail. François Grandin fut à nouveau curé d’Ernée, où il décéda le 24 mars 1823.
François de Jouffroy de Gonssans, évêque du Mans.
François Gaspard de Jouffroy Gonssans
La graphie de son nom varie en fonction des auteurs !
Le document illustré mentionne sa naissance le 15 juin 1723 au château de Gonssans dans le diocèse de Besançon. D’autres sources signalent cet événement le 15 août 1721, dans le même château, sans en préciser plus le lieu. Il devint évêque de Gap en 1774 puis du Mans en 1777, et résida alors au château d’Yvré-l’Évêque, jusqu’en 1792.
Il fut élu député et siégea avec les « conservateurs ». Il refusa de prêter serment et émigra en 1792. Après avoir circulé à travers l’Europe de l’Ouest, il se fixa à Paderborn (Allemagne), où il expira le 23 janvier 1799.
Sources :
Registres paroissiaux
Robert A. Cougny G. Dict. des parlementaires français, 2000, Slatkine Reprint
Wikipedia
Députés de la Noblesse élus pour le Maine :
Jean Louis de Montesson
Il vit le jour à Douillet le 27 juin 1746. Après avoir émigré, il servit dans l’armée russe et décéda au cours de 1802, en Pologne.
Jean de Hercé seigneur du Plessis
Il naquit en 1743, à Mayenne (53). Il servit dans la Marine de guerre où il atteignit le grade de lieutenant des vaisseaux. Il émigra. Il expira à Bath, en Angleterre, le 6 mars 1796.
Alexis de Vassé, vidame du Mans
Né à Paris en 1753, il y mourut (1820). Sa carrière militaire le mena au grade de colonel du Régiment Dauphin-cavalerie. Élu député, il émigra assez rapidement et fonda une teinturerie à Minden (Saxe). En 1814, il regagna la France, puis Louis XVIII le fit maréchal de camp.
René Mans de Froullay de Tessé
Il vint au monde au Mans, le 9 octobre 1736. Ce militaire devint maréchal de camp. Élu pour la Noblesse, il demeura hostile aux réformes. Après avoir démissionné en 1790, il émigra. Il effectua son retour en France sous le Consulat et décéda à Paris, le 21 janvier 1814.
Jean-Baptiste de Bailly, marquis de Fresnay
Né au château de Fresné, il fut baptisé le 4 janvier 1732 au Bourgneuf-la-Forêt (53). Ce capitaine des armées a été élu représentant de la Noblesse, le 28 mars 1789. Il siégea parmi les partisans de l’ancien ordre des choses. Il expira le 12 juin 1811, à Laval.
Parmi les suppléants :
Antoine César de Choiseul-Praslin, comte de Praslin
Il vit le jour à Paris le 6 avril 1756. Colonel au régiment de Lorraine-infanterie en 1789, il accéda au grade de maréchal de camp en 1791. Il fut élu suppléant de la Noblesse pour le Maine. La démission de Jean de Montesson le fit entrer comme titulaire le 20 août 1789. Il n’émigra pas. Il entra dans le Sénat conservateur sous Napoléon 1er. Il décéda à Paris, le 28 janvier 1808.
Parmi tous ses titres, on relève celui de baron de La Flèche.
Claude François de Murat, seigneur du marquisat de Montfort-le-Rotrou
Il vint au monde le 6 juin 1732. Il participa aux campagnes de la guerre de Sept ans, et devint maréchal de camp. Élu suppléant, il siégea à l’Assemblée dès le 23 avril 1791, remplaçant Lasnier de Vaucenay, démissionnaire. Il mourut à Paris, le 30 novembre 1803.
Sources :
Registres paroissiaux
Robert A. Cougny G. Dict. des parlementaires français, 2000, Slatkine Reprint
Wikipedia