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Raymond Sommer dit le Sanglier des Ardennes (1)

Raymond Sommer voit le jour le 31 août 1906 à Mouzon (Ardennes). Son père, Roger, pionnier de l’aviation, est un industriel dans le domaine de l’équipement pour automobiles.
Raymond est animé d’un feu sacré pour la course automobile et participe pratiquement dès le début de sa carrière aux 24 Heures du Mans. En neuf engagements, il enregistre sept abandons dont six sur Alfa Romeo et deux victoires !

Le 13 juin 1931, Georges Durand donne le départ à 26 voitures. Sommer engage sa Chrysler « trafiquée » (6 cylindres, 4 630 cm3), épaulé par son ami Jean Delemer. En raison d’une surchauffe du moteur, ils sont les premiers à s’arrêter (14e tour). Six bolides seulement terminent l’épreuve.
Les 4 et 5 juillet suivants, avec la même voiture, ils prennent le départ des 24 Heures de Spa où ils remportent leur catégorie et finissent 3e au classement général.

Les 18 et 19 juin 1932, pour sa deuxième participation aux 24 Heures du Mans, Sommer engage son Alfa Romeo 8C personnelle (8 cyl. et 2 349 cm3 à compresseur), n° 8. Son copilote, Luigi Chinetti vient pour la première fois dans la Sarthe. Sommer conduit 21 heures sur 24 et gagne. Il domine les autres Alfa, dont les engagées officielles font piètre figure hormis la 11 de Cortese-Guidotti qui finit 2e. Le Français enlève par la suite le Grand Prix de Marseille avec la même Alfa Romeo.

Le 17 juin 1933, Sommer prend le départ des 24 Heures du Mans épaulé par Tazio Nuvolari, pilote officiel chez Alfa. Cette fois ils disposent d’une Alfa Romeo 8C officielle (8 cyl. et 2 336 cm3 à compresseur). Sommer doit conduire toute la nuit. Pendant la course, l’équipage poursuivant, Chinetti-Varent, au volant d’une voiture équivalente les menace. À l’arrivée, 400 mètres seulement les séparent ! Les 1er et 2 juillet, les Alfa Romeo dominent largement les 24 Heures de Spa, la revanche traditionnelle de l’épreuve sarthoise. Après 16 heures de course, Sommer mène devant Chiron-Chinetti. Mais le Français laisse le volant à Stoffel, moins brillant, pour aller participer au GP (grand prix) de la Marne, à Reims. Chiron-Chinetti l’emportent de 9 km, avec une autre Alfa Romeo 8 C. Stoffel-Sommer terminent 2e. Le 2 juillet, à Reims, Sommer finit 3e au GP de la Marne, sur une Alfa Romeo 8 C 2 300, derrière les champions Étancelin et Wimille disposant de bolides de même marque.

Retour aux choix

Lors des 24 Heures du Mans, les 17 et 18 juin 1934, Sommer et Félix pilotent une Alfa Romeo (2 336 cm3). Alors qu’il mène depuis une bonne heure, Sommer connaît un début d’incendie qui le contraint à l’abandon. Étancelin et Chinetti l’emportent. Le champion français connaît une année bien terne en 1934, hormis quelques accessits dans des épreuves mineures çà ou là. Toutefois, le 29 juillet, à Spa, pour le GP de Belgique, Sommer possède une Maserati 8 CM, moins efficace que les Alfa et finit 3e

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Retour aux choix

Encore une mauvaise année, en 1935. Avec son Alfa Romeo, il ne termine que 6e au GP de Monaco, 7e à celui de Tripoli (Lybie), puis 6e sur Maserati au GP de l’A.C.F. à Monthléry, abandonne au GP d’Allemagne, 9e au GP de Suisse, 7e au GP d’Espagne… une calamité. Sans doute en raison de montures qui ne sont pas au niveau. Il faut dire aussi que les voitures allemandes Mercedes et Auto-Union sont aussi très brillantes.
L’aventure de Raymond Sommer au Mans cette année-là n’est pas banale. Tout commence avec la défection de son coéquipier et notre champion envisage sérieusement de piloter pendant toute la course. Au volant de son Alfa Romeo, il fait feu de tout bois et se bat sans compter avec les conducteurs des autres Alfa : Lewis, Chinetti, Dreyfus… et les largue. Après sept heures aux commandes les premiers ennuis arrivent qui l’arrêtent au 69e tour. Cette bagarre entraîne des dégâts chez les italiennes puisque seul Dreyfus alias Helde termine (2e) derrière Hindmarsh-Fontes (Lagonda).

Au cours de 1936, les Grands Prix « classiques » dominés par les firmes soutenues par les dictatures (Auto-Union, Mercedes et Alfa Romeo) ne laissent que des miettes aux autres. Sommer se constitue un beau palmarès en endurance avec deux victoires.
Tout d’abord, le 28 juin, à Montlhéry sur 1 000 km, au GP de l’A.C.F. avec Wimille au volant de la Bugatti 57 G n° 84. Ils dominent une foule de Delahaye et de Talbot. Pas d’épreuve dans la Sarthe en raison des grandes grèves.

Retour aux choix

Après trois ans d’interruption, voici le retour des 24 Heures de Spa les 11 et 12 juillet. Sommer l’emporte, épaulé par Francesco Severi, sur une Alfa Romeo 8C-2900 A. Toujours aussi rapide, Raymond améliore le record du tour au cours de la 20e heure.
Même les Alfa Romeo ne peuvent plus lutter avec les bolides allemands en 1937, alors… Une petite victoire pour Sommer à Cartage, au GP de Tunisie, en Sport sur une Talbot.

Une année bien pauvre, en 1938. Trop de bruits de bottes sans doute. Trois Mercedes engagées au GP de Tripoli prennent les trois premières places. Miracle, juste derrière, 4e donc, Sommer avec son Alfa devance tous les autres concurrents !

Au cours de 1939, les GP se disputent sous la formule « Internationale » qui n’a pas la rigueur habituelle. 4e aux GP de Pau et de Belgique, 5e à Reims (A.C.F.) quelques miettes pour le Français et son Alfa Romeo.

Pendant l’Occupation, Raymond Sommer s’implique dans la Résistance ce qui lui permet d’être décoré de la Croix de Guerre à la Libération.

Retour aux choix

Ils sont surtout entre Français au GP de Nice le 22 avril 1946. Cependant, Villoresi (Maserati) l’emporte devant Sommer (Alfa Romeo). La liste des partants est bien plus internationale le 5 mai, au GP de Marseille et Sommer gagne (Maserati). Au GP de Turin, Sommer décroche une belle 3e place dans le gratin de l’époque !
La Formule 1 apparaît en 1948. Le 2 mai, au GP de Genève et des Nations, sur une Ferrari 166, Sommer finit 3e. Le 5 septembre, il obtient encore le 3e rang au GP d’Italie à Turin-Valentino, avec une Ferrari 125.
En 1949, le 3 juillet, à Berne-Bremgarten, il termine 3e du GP de Suisse, sur une Talbot-Lago. Le 17 juillet, le voici 5e au GP de France à Reims (Talbot) puis encore 5e au GP d’Italie à Monza. Sa dernière belle performance se déroule au GP de Monaco, en 1950, avec une Ferrari 125. Cette 4e place est la dernière de son palmarès.

Retour aux choix

Raymond Sommer se tue sur le circuit de Cadours (F) le 10 septembre 1950, au volant d’une Cooper de Formule 3. Il faut remarquer qu’à cette époque, bien peu de pilotes arrêtent leur carrière volontairement et non à la suite d’un accident !

Raymond Sommer fut l’un de nos plus brillants pilotes de course des années 1930. Toutefois son palmarès ne reflète guère ses qualités, trop souvent il n’a pu figurer dans des écuries d’usine de pointe. Ainsi, à la Libération, quelques belles places en Championnat du monde de Formule 1 ont prouvé sa valeur… mais il avait déjà une bonne quarantaine d’années, les 8 ou 10 ans d’interruption due à la guerre lui ont gâché sa carrière.

Sources :
- Cohin E. L’historique de la course automobile, 1894-1978, Fanauto, 1982
- Les 24 Heures du Mans. 1923-1982, ACO, 1982

(1)Par la suite, un autre grand sportif, Roger Marche, international français de football des années 1950, sera aussi surnommé ainsi.



Jean-Pierre Delaperrelle