Une sculpture de taille modeste dans un endroit pittoresque, au carrefour de la rue de Vaux et de la rue du Bouquet. Une niche très ouvragée de style gothique (fin 16e) protégée
par une grille en fer forgé,
à l’angle de la maison qui se trouve là. La statue en terre cuite, plus récente, serait l’œuvre d’un sculpteur manceau travaillant sur le jubé de la cathédrale entre 1680 et 1710.
Pourquoi en parler ? Parce qu’elle a bien failli disparaître.
Un jour de décembre 1904 : Le geste d’un fou, sans doute aviné ou/et anticlérical… c’était l’époque où les Républicains laïcards affrontaient durement les cathos conservateurs.
Un imbécile, donc, décapite la statue
d’un méchant coup de bâton.
Émoi dans le quartier. Robert Triger historien bien connu s’active et finance la restauration. Mais l’histoire ne s’arrête pas pour autant.
1910. La statue attire les convoitises des amateurs d’art. Les propriétaires, gens modestes reçoivent une proposition d’achat présentée par un riche étranger.
Ils ont le réflexe de consulter Triger. Celui-ci alerte la mairie.
En quelques jours le conseil municipal réuni en urgence décide d’acquérir le bien. L’affaire n’est pas simple car, à priori, la collectivité ne peut pas financer,
sur le budget du musée, un bien qui n’entrera jamais au musée.
Enfin la solution juridique est trouvée.
35 ans plus tard (1945) l’ensemble (statue, niche et grille) est classé monument historique. La Marie-Madeleine restera mancelle.
Moralité : quand un érudit local rencontre le soutien d’une administration réactive… le patrimoine est sauvé.
Gérard Blanchard