La maison d'Adam et Eve située dans la Grande-rue demeure un fleuron du patrimoine manceau. Pourtant, en 1911, elle échappa de peu à un destin fâcheux.
Rappel : Une maison d'époque Renaissance, construite par un médecin astrologue (Jehan de l'Epine). Nous avons une bonne connaissance des différents personnages qui
l'ont habitée : hommes de lois, médecins. Citons Marin Cureau de la Chambre, courtisan, médecin, littérateur qui fut membre de la première Acadamie Française (1635)
et de la première Acadamie des Sciences (1666). Les occupants suivants furent des gens plus modestes, artisans ou marchands, bouchers, épiciers, cafetier...
D'où vient le nom (Adam et Eve) que le bon peuple a donné àla bâtisse ? Sans doute il évoque la sculpture en façade qui montre des jeunes gens tout nus qui s'agitent
autour d'une sphère (pomme ? globe terrestre ?). Des érudits ont imaginé des réponses plus savantes évoquant Bacchus et Ariane cherchant le fil de l'histoire du monde.
D'autres encore, en considérant les serpents qu'on retrouve sur le caducée, y ont vu plus simplement une enseigne pour les savants docteurs qui exercèrent ici leur art...
À vrai dire nous n'en savons rien... la réflexion reste ouverte.
Un saut dans le temps. Nous sommes en 1911. Une méchante rumeur court la ville :
La maison d'Adam et Eve est vendue à des américains qui vont démonter la façade
pour l'emporter chez eux. Mobilisation générale ! Il y a urgence. L'acte est déjà chez le notaire. La mairie ne peut se porter acquéreur dans un délai aussi court.
C'est alors que Robert Triger, érudit local, acquiert le bien, pour son propre compte, non sans avoir acquis la complicité et l'accord du maire. Dix-huit mois plus tard,
l'immeuble est revendu à la ville. Très vite on obtiendra un classement au titre des monuments historiques (1913).
Voilà pourquoi le promeneur peut encore admirer ce vénérable immeuble et s'interroger toujours sur ce que cache réellement son énigmatique façade.
Gérard Blanchard