Au cours d’un périple de deux ans (du 24 janvier 1564 au 1er mai 1566), la famille royale avec Catherine de Médicis à sa tête parcourut une bonne partie de la France afin de présenter le jeune roi Charles IX à ses sujets. Effectivement, il venait de succéder à son frère François II, décédé en décembre 1560, après un an de règne. L’autre raison de ce voyage consistait à tenter de restaurer le prestige de la couronne bien assombri avec les très graves problèmes religieux pour lesquels ladite Catherine n’était pas étrangère.
Quelle ne fut pas leur surprise en constatant que le début de l’année variait en fonction des provinces ! Cela pouvait éventuellement s’expliquer par la date du 1er mars jadis en notre royaume, résurgence du calendrier romain… puis à Noël sous Charlemagne… puis à Pâques sous les Capétiens ! Ainsi, en 1347, l’année commença à Pâques le 1er avril pour se terminer aux Pâques suivantes, le 20 avril 1348 ! Certaines coutumes avaient l’art de perdurer dans notre pays.
La réaction à cette situation en fut l’édit de Paris, décidé par Charles IX, qui fixait au 1er janvier le début de l’année légale pour l’ensemble du royaume. Cette disposition fut confirmée par la déclaration de l’édit de Roussillon du 9 août 1564. Cependant la mesure ne devait prendre effet qu’au 1er janvier 1567.
Dans les années 1570, il était devenu indispensable de modifier le calendrier julien en raison d’un décalage trop grand entre les dates astronomiques et religieuses. Sa sainteté le Pape Grégoire XIII, lors de l’établissement du calendrier grégorien en 1582, imposait lui aussi le 1er janvier comme date du début de l’année, à l’ensemble du monde chrétien.
Certains prêtres notèrent cet événement d’une importance capitale dans leurs registres paroissiaux :
Registre de Doué (49)
…le lundi 10 e de ce mois decembre 1582 nous commencerons a conter vingt au lieu de dix par l’ordonnance de notre saint Père le Pape… ce qui n’advient que de 800 en 800 et ce a raison de la conjonction des planettes…
Registre de Pirmil (72)
L’an mil cinq cents quattre vingts deux Noel fut avancé de dix jours
Registre de Trangé (72)
Ce dernier de decembre et dernier jo de l an 1582 en l an de la reformation du kalendrier suyvant ledit du pappe et du Roy … fut baptisé André Leboulleurs…
Annuaire Monnoyer de l’An IX - première page
Annuaire Monnoyer de l’An IX - Germinal
L’An IX allait du 1er vendémiaire (23 septembre 1800) au 5e jour complémentaire (22 septembre 1801).
Le décret de la Convention, du 5 octobre 1793, imposa un nouveau calendrier. Il fut appliqué de 1792 à 1806. Le premier jour de l’année se situait au 1er vendémiaire, à l’équinoxe d’automne ! Les noms des mois changeaient (brumaire, nivôse, prairial, thermidor…), les semaines devenaient des décades, les saints et saintes disparaissaient au profit d’objets (râteau, échelle), d’animaux (tanche, loutre) ou de végétaux divers (colza, jasmin)… Chaque année se composait alors de 12 mois de 30 jours et de 5 jours complémentaires, ou 6 pour les années bissextiles.
Mais ceci appartient au passé… et le calendrier grégorien est revenu le 1er janvier 1806 !
Carte postale du début des années 1900
Carte postale du début des années 1900
Sources :
Couderc P. Le Calendrier, PUF, 1981
Registres paroissiaux divers