Plus de 1000 comètes sont répertoriées en ce début de XXIe siècle. Elles proviennent de la Ceinture de Kuiper ou encore du Nuage de Oort, bien plus éloignées du Soleil que la planète Neptune. Ces objets célestes parcourent des distances énormes qui impliquent des périodes de révolution pouvant être extrêmement longues.
Curieusement, Halley (passages en 1607, 1682 et 1758) ne semble pas figurer dans les écrits des curés, pas plus que Swift-Tuttle (en 1625) ou Ikeya-Seki (1597 et 1781).
Certaines, comme Encke, observée en 1786 (passage tous les 3 ans) ou Giacobini-Zinner, en 1900 (tous les 6 ans), très fréquentes, et même trop pour avoir des certitudes, sont peut-être mentionnées dans les textes anciens, mais comment le prouver ?
Représentation de la comète de Halley, tapisserie de Bayeux
Visitons quelques registres paroissiaux
1621. Le Grand-Lucé. 72
La citation précédente concerne-elle effectivement une comète ? Comme elle ne figure pas sur un répertoire, nous pouvons avoir des doutes mais il faut dire que l’observation est intéressante.
1665. Saint-Ulphace. 72
Cette année mil six cent soixante et cinq parut une comette en le royaume de laquelle sortail du côté du Levant qui precedoit l'astre communement appelée la poussinière se levant et couchant à même heure elle parut de l'année precedente environ trois semaines avan la nativité de notre seigneur et continua jusques au vingt deuxieme jour de janvier de l'année suivante avec l'etonnement de beaucoup de personnes le que ... de mon sing
Martin ptre
Encore appelée C/1664W1, la comète parabolique ci-dessus dite de Theyner, a été découverte par le grand scientifique Christian Huygens.
La comète de 1664
1680. Brûlon. 72
En revanche, la « grande comète » de 1680, encore nommée Kirch, est signalée dans les registres paroissiaux de Brûlon, Mézeray et Montbizot pour le moins, en Sarthe. Elle est réputée très brillante même en plein jour.
Le manuscrit de l’ecclésiastique de Brûlon, très bref, se trouve coupé lors du microfilmage. Il est toutefois possible de déchiffrer, en marge de l’acte de sépulture du 24 décembre 1680 :
Le 27 10bre [décembre] aparu une comette dont la queüe etoit fortement… du soleil couchant a continué…
Le curé de Montbizot inscrit ainsi dans son registre : Sur la fin dudit mois de decembre … il a paru une comette du costé du midy qui alloit vers le couchant laquelle estoit d’une grandeur prodigieuse … sa queue estoit fort large et d’une longeur tres grande qui salloit terminer vers minuit du costé de l’occident. Elle a duré fort longtemps.
Le prêtre de Mézeray note : … commença à paroistre le 27 decembre 1680 sur le soir une grande comete qui dura une bonne partie de lhyver…
Cette grande comète (C/1680V1) est suivie du regard de 18 décembre 1680 au 19 mars 1681. Elle est la première observée à l’aide d’un télescope et a atteint son pic de lumière le 29 décembre 1680. Grâce à elle, le physicien Isaac Newton a pu vérifier les lois de Kepler.
Passage de la comète de décembre 1680 à janvier 1681
Madeweiss, 1681.
Coll. Observatoire de Paris
© Bibliothèque nationale de France
Faisons-nous une raison, sa période orbitale approchant les 9 400 ans, nous ne la verrons pas réapparaître !
1744. Courcemont. 72
En marge de l’acte du 29 février 1744, on peut lire :
a paru une
comete de lorient
a loccident pandant
6 semaines
Ce qui est beaucoup trop bref. Heureusement, à Saulnières (commune d’Eure-et-Loir aujourd’hui), le prêtre nous informe tellement mieux avec :
En 1744 a paru une étoile ou comette appellée dans ce pays une étoille à grande queue pendant environ un mois on la voyoit vers le coucher du soleil du coté de Neuville et la queue vers Paris jettant une clarté considerable le soir ensuite elle ne parut plus que le matin avant le lever du soleil pendant un autre mois
La grande comète de 1744
La comète de 1744, nommée Klinkenberg-Cheseaux (C/1743 X 1) est observée de la fin 1743 au début 1744. En raison d’une magnitude absolue de 0,5 elle occupe la 6e place la plus élevée pour les valeurs enregistrées historiquement. Elle possédait 6 queues séparées. Elle atteignit son périhélie [ndlr:point de l'orbite d'une planète qui est le plus proche du Soleil] le 1er mars 1744.
Il est évident que bien d’autres comètes sont observées depuis mais les registres paroissiaux ne sont plus disponibles depuis 1792. Cependant, le livre d’Annick Bras et Serge Séchet consacré à l’histoire de Pezé-le-Robert nous signale trois autres dates pour cette commune : août 1811, septembre 1858 et septembre 1874.
Comète de 1858
(extraits)Vers la moitié de septembre 1853, une Comète a paru au nord-ouest au-dessous de la Grande Ourse. Dans le commencement elle était peu apparente. Mais dans les premiers jours d’octobre son noyau était devenu beaucoup plus gros ; et sa queue, aux mêmes époques, pouvait avoir 25 s de longueur : mais moins brillante que la queue de la Comète de 1811. Elle apparaissait sous la forme d’une plume.
Sources :
Bras A. Séchet S. Chroniques de la paroisse de Pezé-le-Robert (Sarthe) 1835-1907, CGMP éditeur, 2010
Registres paroissiaux, Archives départementales
L’Atlas du Système Solaire, hors-série n° 18
Wikipedia