En perspective de l'Exposition de l'Ouest de la France,
de mai à novembre 1911, Léon Bollée, président de l'Aéro-Club de la Sarthe,
imagine une course aérienne Paris-Le Mans. La sévérité du règlement entraîne son annulation mais, déterminé, Bollée convoque les sociétaires le 24 août 1910 au siège de l'
Automobile-Club, boulevard René-Levasseur. À l'ordre du jour :
Meeting d'aviation, commissaires de contrôle, questions diverses. Un an après, les
26,
27 et
28 août, la population, peu familiarisée aux monoplans, voit évoluer dans le ciel manceau le chef pilote de l'école d'aviation du Mans,
Abel Grazzioli sur
Blériot, et,
Kimmerling sur
Sommer ;
Audemars sur
Santos-Dumont ;
Level sur
Savary ;
Weymann sur
Nieuport.
Une aviatrice participe aux épreuves et provoque une vive émotion parmi le public du Polygone à Pontlieue lorsque son Farman s'écrase sur le sol. Hélène Dutrieu et son passager qui n'est autre que Léon Bollée s'en sortent avec une belle frayeur. Louis Legué, maire du Mans, a invité les habitants à pavoiser leurs maisons mais n'a pas autorisé le survol des Jacobins, de peur que la cathédrale ne soit la cible involontaire d'une voltige incontrôlée.
Un autre pilote dont le nom est associé à un sport moins dangereux participe à cette démonstration aérienne.
Roland Garros, sur
Blériot, a réussi à contourner l'interdiction municipale et survoler le nord du Mans. Une carte postale adressée à M
me Rolland, au bourg de Coulaines, précise :
il y avait du monde en ville et des voitures à ne pas savoir où mettre un pied, et de la poussière, on en a avalé. Dommage que la grand-mère n'y soit pas car reverra-t-on quelques fois cela, surtout aussi bien ?
C'était il y a un siècle. Cette mamie de 1911 n'en reviendrait pas de voir la Patrouille de France voler, de nos jours, en basse altitude lors d'une cérémonie nationale ou, certaines années, avant le départ des 24 Heures du Mans.
Daniel Levoyer