Qu'ils l'aient appelé -sans rire- Vieille Burette ou Vilbur Vrichte, les Sarthois ont été marqués de façon très positive, en 1908, par les exploits stupéfiants
de l'aviateur américain Wilbur Wright. Effectivement, invité par le constructeur automobile manceau Léon Bollée, il vint au Mans afin de confirmer ses performances réalisées
outre-Atlantique.
En Sarthe depuis peu, il commence par s'élever de dix mètres, avec sa machine volante nommée
«Flyer», dès le 8 août, sur le terrain des Hunaudières. Rapidement,
il a la conviction de manquer de place, de facilité de comportement pour son engin. Avec l'aide d'amis sarthois, l'armée lui dégage un lieu beaucoup plus favorable sur
le camp militaire d'Auvours.
Le 19 août, Léon Bollée emmène le Flyer sur un attelage automobile de sa conception. Le 21, Wright reprend ses essais avec modération. Après quelques problèmes
techniques entraînant des réparations, le pilote U.S. améliore progressivement ses performances. Il prend des passagers à bord... tous sont ravis par leurs voyages ! Même les 108 kg de Léon Bollée vont évoluer dans l'azur grâce à cette surprenante machine. Wright donne des cours de pilotage, même à certains apprentis qui sortent des rangs de l'armée !
Le 24 septembre, Wright parcourt 39 km officiellement, 52 officieusement. Le 13 novembre, il empoche 1 000 francs pour le prix de la hauteur de l'Aéroclub de la
Sarthe : il s'est élevé de 30 m. Le 16 décembre, le voici à 80 m d'altitude, puis 117 m peu après. Le même jour, il tient l'air sur 99, 8 km, nouveau record.
Malgré le froid, le 31 décembre 1908, Wilbur Wright bat le record de la distance sans escale avec 123, 2 km accomplis en 2 h 18 min 33 s ce qui lui permet de
recevoir les 20 000 F de la Coupe Michelin.
Jean-Pierre Delaperrelle