Philippe Corbin a installé, dans une salle attenante à son Musée de la musique mécanique à Dollon, la table du premier Conseil national de la Résistance. Il est le petit-fils de René Corbin qui, le 27 mai 1943, accueillit la première réunion clandestine du Conseil national de la Résistance, à son domicile, 48 de la rue du Four à Paris.
La table du premier CNR
Comme nous l'explique Philippe Corbin :
« avant la guerre, René Corbin, né à Dollon en 1888, alors Directeur de l'aéronautique civile, côtoyait souvent Jean Moulin qui était Chef de cabinet de Pierre Cot, ministre de l'Air. Il succéda à Jean Moulin à la tête du Cabinet. Pendant la guerre, ils s'engagèrent dans la Résistance. Quand Jean Moulin chercha un local pour organiser la première réunion du CNR, c'est tout naturellement que René Corbin lui proposa son appartement au 48 rue du Four, dans le 6e arrondissement de Paris. »
Philippe Corbin avec Le Maine-Libre annonçant la libération du Mans
Par devoir de mémoire, Philippe a tenu à ramener la table du salon et à l'installer dans une pièce attenante à son musée. Comme il nous le rappelle,
« ma grand-mère l'avait fait fabriquer avant la guerre, et elle servait aux repas de famille. » Près de 70 ans plus tard, la fondation du Conseil National de la Résistance a été commémorée, en mai 2013, dans les locaux du musée, en présence de Roger Gaubut, administrateur des Musées de la Résistance nationale et des Musées de la mémoire de la déportation.
Jean Moulin avant son entrée dans la clandestinité. Après il portera béret et canadienne.
Dans ses « Mémoires de résistance », Robert Chambeiron, le dernier survivant, décédé en décembre 2014, écrivait :
« jusqu'au dernier moment, on a ignoré l'adresse de la rencontre. La plupart des personnes ne se connaissaient pas. La pièce, au premier étage, n'était pas grande, et nous étions un peu serrés autour de la table. » En effet, il n'y avait pas moins de 19 résistants. Le plus connu d'entre eux, Jean Moulin, délégué du Général de Gaulle, sera arrêté par les Allemands le 21 juin 1943 à Caluire, torturé sans jamais donner le moindre renseignement, avant de mourir peu après, en juin, dans le convoi qui l'emmenait en Allemagne.
Lors de la cérémonie de mai 2013, une exposition rassemblait des documents et objets d'époque évoquant la résistance à l'occupant jusqu'à la Libération. Un vieux poste radio faisait même entendre la voix de personnes aujourd'hui disparues, reconstituant le contexte d'événements « porteurs d'espoir ». Philippe Corbin se plaît à rappeler que
« tous les partis politiques s'étaient mis d'accord sur un même programme, qui sera partiellement mis en œuvre à la Libération par des hommes de caractère. » Le Programme du Conseil national de la Résistance,adopté le 15 mars 1944, était intitulé dans sa première édition « les Jours Heureux par le CNR. »
La maison qui, à Dollon, abrite désormais le musée et la table
Francis Landier