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C’est un jardin extraordinaire, il y a des canards qui parlent anglais*…

Ils voulaient retrouver les rêves de l'enfance et avec du ciment, du fil de fer et de la peinture façonnaient des bestioles bizarres, et même des dragons ! Leur bonheur était d'accueillir les promeneurs, de voir les enfants rire et sauter sur le dos des tigres et des lions. En Sarthe, quatre de ces « fadas » se sont illustrés dans le sillage du Facteur Cheval, leurs œuvres ont connu des destinées bien différentes.

Le facétieux Albert Chasseray (I894 – 1976)


Le fameux Dragon qu'Albert Chasseray nommait sa Chimère et qui dominait le village de Loué

Originaire de Loué, Albert monte très jeune à Paris, devient comédien et rencontre un certain succès en jouant Molière ou Beaumarchais. Revenu au pays natal, il achète un terrain sur lequel il bâtit une curieuse maison sur pilotis, son « Moulin Joyeux », puis un immense dragon. Les dimanches d'été, son jardin peuplé de personnages féériques prend des airs de guinguette, il accueille ses visiteurs et déclame ses poèmes autour du Bar de la dalle en pente.
Après son décès le site est à l'abandon. En 1985, le nouveau propriétaire détruit avec hargne, au bulldozer, le dragon et le Moulin Joyeux sans qu'aucune autorité culturelle ou administrative n'y trouve à redire.

L'Italien de Saint-Calais, Séraphin Enrico (1898 – 1988)


Une madone semble prendre son envol sous les arcades

Cimentier de profession, Séraphin construit au bord de l'Anille un ensemble de terrasses et d'arcades qu'il peuple de madones, d'animaux fantastiques et de sportifs, un véritable jardin d'Eden aux couleurs chatoyantes où viennent jouer les enfants du quartier. En 1972, il quitte Saint-Calais, les statues disparaissent et font place à un jardin potager. Une vingtaine d'années plus tard, certaines d'entre elles sont retrouvées au fond d'une mare. Patiemment restaurées, elles sont aujourd'hui exposées à Caen, au jardin-musée Luna-Rossa.

Le fabuleux bestiaire d'Emile Taugourdeau (1917 – 1989)


Emile Taugourdeau entouré de ses premières créations

Emile était maçon, il prend sa retraite dans son village près de La Flèche. Pour consoler son petit- fils de la perte de son canard favori, il lui en confectionne un en ciment. Il ne s'arrête plus et 400 effigies d'animaux à plumes, à poils ou à écailles vont sortir de ses mains. Des personnages suivront : soldats, sportifs, déesse indienne aux épaules chargées de serpents… Emile, modeste et accueillant, laisse son parc en accès libre pour le bonheur de chacun. Après sa disparition, sa famille excédée par les intrusions, les vols et les pillages clôt la propriété et en interdit toute visite.

Le poète de la Nationale, Fernand Chatelain (1899 – 1989)


Fernand Chatelain et son épouse Marie-Louise dans les années 70
(cliché Clovis Prévost, Les bâtisseurs de l'imaginaire)

Agriculteur à la retraite, Fernand, s'installe avec son épouse à Fyé, près de la route Le Mans - Alençon. Il agrémente son jardin d'une faune surprenante et joyeusement colorée. Insectes et escargots géants poussent entre les rangs de légumes, des tigres se baladent sur le dos des éléphants près du lapin habillé en clown… Après la mort de leur créateur, les sujets perdent leurs couleurs, se désagrègent et disparaissent sous la végétation. En 2003, la Communauté de communes et le Conseil général financent des travaux de restauration. Bien des critiques s'élèvent alors (de l'argent public pour restaurer « ça » !) mais qu'importe, l'œuvre de Fernand est sauvée et c'est tout à l'honneur de nos édiles.

*Chanson de Charles Trénet (1957)



Jacques-Henri Minier