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L´exploit de l´aviateur Charles Godefroy

À La Flèche, au no 3 de la rue Saint-Jacques, naît le 29 décembre 1888, Charles Godefroy, futur aviateur de légende. Une modeste allée lui est dédiée sur le chemin de l'aérodrome de la Boutonnière. Il cotoie Paul d'Estournelles de Constant, autre Fléchois détenteur d'une avenue, Prix Nobel de la Paix en 1909.
À mettre au débit du Covid-19, le 14 juillet 2020 ne sera pas fêté sur les Champs-Élysées de la capitale. De l'Arc de Triomphe à la Concorde, aucune troupe ne défilera. Tout comme en 1919, aucun avion ne survolera Paris... mais...


Charles Godefroy, sergent, pilote aviateur

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, afin de célébrer la Fête Nationale, les autorités militaires ont l'idée saugrenue de faire défiler les aviateurs... à pied. Se considérant à juste titre comme des "héros de l'air", les pilotes de guerre apprécient moyennement cette décision qui les réduit au rang de fantassins. Le capitaine Fonck défilera portant le drapeau de l'Aviation, encadré de sapeurs. La riposte ne tarde pas à venir lors d'une réunion au, déjà, célèbre bar du Fouquet's. Passer à bord d'un biplan, non pas au-dessus de l'Arc de Triomphe, mais sous, serait l'exploit jamais réalisé à ce jour. Avant le conflit, l'idée avait germé mais jugée finalement inconcevable par Guynemer et Garros. Deux pilotes émérites, Jean Navarre et Godefroy, entendent relever le défi et surtout narguer les autorités. Dans les premiers jours du mois, Navarre est désigné pour célébrer, à sa manière, ce 14 juillet. Hélas, lui qui a abattu tant d'ennemis se tue le 10 lors d'un exercice de routine.


L'exploit : le vol sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile, Paris

Godefroy qui ne s'est pas résigné, démobilisable à la fin du mois, laisse passer les cérémonies. Il faut un avion dont il connaît parfaitement les caractéristiques et le monument large de 14,62 mètres n'offre que peu de possibilités. Au matin du 7 août, à 7h20, aidé d'un mécanicien complice, l'intrépide aviateur s'installe aux commandes d'un vieux Nieuport 11 «Bébé» (appelé ainsi en raison de sa petite envergure de 7,55 mètres) et décolle discrètement de l'aérodrome de Villacoublay. À 8h pile, il arrive porte Maillot, pique sur l'avenue de la Grande Armée, passe à 150 kh sous l'Arc de Triomphe, rase un tramway place de l'Étoile, survole la place de la Concorde et rentre "peinard" à Villacoublay au bout d'une demi-heure.


Biplan Nieuport 11 «Bébé». ©aviationsmilitaires.net

Après ce dernier vol qui aurait pu se terminer tragiquement, Charles Godefroy échappa de justesse aux foudres judiciaires et dut s'éloigner des champs d'aviation. Marié cinq semaines après sa folle réussite, il tint un commerce de vins à Aubervilliers et décéda le 11 décembre 1958 à Soisy-sous-Montmorency. Le maire de cette ville, le général Ferrebœuf, s'est souvenu de ce fougueux pilote et lui attribua une rue le 26 septembre 1959 avec la participation de l'Armée de l'Air et de groupements de l'Aviation.


Daniel Levoyer