L'Union Sarthoise, Société gymnique, de tir et préparation militaire est fondée au Mans en 1886. No 16 sur les registres préfectoraux, c'est l'une des plus anciennes associations du département.
C'est à coup sûr le fait le plus marquant pour Paul Reibell, préfet du 28 novembre 1885 au 1
er février 1887. Ce séjour de quatorze mois ne lui a guère donné de temps pour influencer la vie départementale, la construction du premier réseau de chemins de fer à voie étroite étant pratiquement achevée. Sur l'ensemble du territoire, depuis la défaite de la Guerre de 1870, de nombreuses Sociétés de gymnastique sont créées pour forger des hommes forts qui aideraient à relever le pays et à le défendre. Mr Canit, président jusqu'en 1896, instaure cette devise conforme à l'esprit de l'époque :
Tout pour la Patrie, rien que pour la Patrie.
Les premières séances se déroulent à la Halle aux toiles (emplacement de l'actuelle place d'Alger). Les registres dénombrent 101 adultes et 26 pupilles qui pratiquent, outre la gymnastique et l'athlétisme, le tir, la lutte, la boxe française et l'escrime. Rapidement, l'
Union
Sarthoise prend son essor en s'illustrant dans de nombreux concours. En
1902, elle marque une étape importante en organisant la
XXVIIIe Fête fédérale, du 21 au 23 juin. Venus de toute la France et d'Italie (San Remo), 2 000 gymnastes vont évoluer sous un soleil de plomb dans le quinconce des Jacobins. Cette première manifestation d'envergure n'est pas sans rappeler quelques souvenirs aux élèves manceaux qui, dans les années 1950, ont participé aux mouvements d'ensemble pour célébrer la fin de l'année scolaire. Chaque école répétait les figures imposées et des milliers d'enfants se retrouvaient aux Jacobins pour exécuter le programme, sous la direction du rigoureux Alfred Pelen.
Revenons au début du 20
e siècle pour accueillir
Émile Loubet, Président de la République, arrivé par le train. Une foule d'officiels, militaires et badauds, attend l'éminent personnage qui procède à l'incontournable remise de Décorations. De la gare, c'est en calèche qu'il rejoint les Jacobins en passant sous cinq gigantesques arcs de triomphe dressés en son honneur (avenue Thiers, boulevard René-Levasseur, place de la République, carrefour de la Sirène, entrée du Quinconce). Arsène Le Feuvre, décorateur au Mans, en est le concepteur.
Challenge réussi pour l'Union Sarthoise qui sacre le gymnaste
Martinez, champion toutes catégories. Quarante ans plus tard, sous l'Occupation, voulant prouver sa vitalité, elle récidive en organisant une fête gymnique au stade Léon-Bollée, sous les auspices du comité Maine-Anjou-Touraine. En 1952, lors de la démolition de la Halle aux toiles, une autre salle d'entraînement est accordée par la ville, dans les anciennes Boucheries situées au pied de l'escalier éponyme accédant au Vieux Mans d'alors. C'est ici et au gymnase du collège Albert-Camus que se retrouvent les adhérents, en herbe ou confirmés, de cette belle et combien nécessaire institution.
Daniel Levoyer