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Les longicornes en Sarthe

«Coléoptéra cerambycidae». Certes le nom peut sembler barbare, mais certains préfèrent «Longicorne», du latin capricornus, «à cornes de chèvre», et pour le Petit Robert, il est un «insecte possédant de longues cornes tel le capricorne».
Appartenant à l'ordre des coléoptères, ces hexapodes (six pattes), issus de la famille des cérambycidés, passent par trois états d'évolution : larve, nymphose et adulte (imago). L'insecte tel le grand capricorne, se pose sur un tronc couché et y dépose, de juin à septembre dans les anfractuosités de l'écorce, ses œufs noirs ovoïdes d'environ 2 mm de long. Ceux-ci donnent naissance, quelques jours plus tard, à de petites larves de couleur ivoire dont la tête est armée de puissantes mandibules sombres. Profitant d'une fissure, ces dernières s'enfoncent dans le bois en creusant, se nourrissant de sa cellulose qu'elles extraient et, passent ainsi presque trois années à ouvrir des galeries de plus en plus larges. Redoutables xylophages, elles attaquent aussi bien les arbres morts que vivants, et se déplacent dans l'aubier en forant des galeries.
Nous ne pouvons pas terminer ce rapide tour d'horizon, sans évoquer le célèbre Grand capricorne (Cerambyx cerdo).
Faisant figure de géant avec ses 60 mm, hors antennes, il présente un corps d'un noir brillant et l'apex des élytres plutôt rougeâtre et granuleux vers l'avant. Visible de mai à août, ce grand capricorne, totalement protégé en France depuis 1995, fait également l'objet de mention dans les textes européens. Il reste malgré tout un danger pour son arbre hôte, le chêne. En effet, sa larve longue de sept à huit cm, possède un appétit à la mesure de sa taille.

Voici quelques données qui permettent de mieux appréhender la place de l'homme dans cet écosystème fragile.
«On estime que 32 000 à 66 000 milliards d'insectes sont tués sur les routes de France, soit l'équivalent de 120 à 160 tonnes de cadavres ! En terme de prédations artificielles, nous trouvons le remembrement, les traitements pesticides, le débroussaillage, les touristes (cueillette avec atteinte au milieu), les tracés routiers (déforestation). Nous perdons la valeur d'un département, en superficie, tous les sept ans (routes, ciment, constructions), ce qui signifie autant en écosystème…»


Stictoleptura scutellata - photo © Jean-François Claude

Alors, que nous soyons dans les bois ou dans des prairies, le long des chemins, prenons le temps de regarder et d'observer la nature qui nous entoure, respectons la, autant qu'elle nous émerveille.


Philippe Landais