Le loup, mâle ou femelle, constituait jadis un ennemi de nos ancêtres pour un certains nombre de raisons. L’animal rôdait auprès des fermes, visant la basse-cour ou un être humain physiquement faible. N’oublions pas qu’un homme adulte disposait souvent d’une taille de l’ordre de 1,50 m à 1,60 m. Une femme, plus petite encore, se trouvait gênée en cas d’attaque par ses vêtements amples et le fait qu’elle soit peu adaptée pour faire front, quant aux enfants… et c’étaient souvent eux qui gardaient, seuls, les bêtes de leurs parents !
De plus, le petit peuple ne pouvait légalement disposer d’armes. Bien sûr, un paysan adulte sa fourche à la main pouvait effrayer un loup, aussi à la lecture des écrits des siècles passés femmes et enfants furent les plus visés et tués par le canis lupus ! Par exemple en 1670, à Lavenay, quatre personnes furent exterminées ainsi, une femme mariée et trois jeunes garçons. Il est possible de citer d’autres exemples comme dans le Belinois en 1685 et 1753. Et encore, le Haut-Maine (qui devint la Sarthe à partir de 1792) fut bien moins ravagé que le Perche.
L’autre danger, au moins aussi grave que des loups pouvaient entraîner, était de répandre la rage. Dans ce domaine aussi nos malheureux ancêtres se trouvaient fort dépourvus !
Le Grand hiver 1709, plus rude que beaucoup d’autres, marqua la mémoire des hommes en raison du froid et de sa longueur. Dans son registre, le curé de Notre-Dame-des-Champs (intégrée depuis à Saint-Jean-d’Assé) relata un bien cruel événement qui se déroula à ce moment.
Manquant de nourriture, des loups affamés devinrent particulièrement virulents. Cette situation entraîna le drame dont furent victimes trois habitants de Beaumont le Vicomte (aujourd’hui Beaumont-sur-Sarthe). Le tailleur Jean Beaussier, accompagné d’un commerçant, Quantin Aubert, et d’un soldat dont on ignore le nom se rendait au Mans. En arrivant, sur les six heures du soir, après une marche d’une vingtaine de kilomètres, ils approchaient de la Sarthe.
Le premier fut pris par derrière, au bout du mail de l’abbaye de Beaulieu proche de l’église de la Madelaine, par un loup qui l’abattit et le blessa en plusieurs endroits. Ses compagnons le défendirent rapidement et vaillamment, le militaire lui tira un coup de mousqueton, l’autre lui porta plusieurs coups de sabre. Cependant, ils ne purent délivrer le blessé qu’avec beaucoup de peine et après avoir subi des morsures. Ainsi, Jean Beaussier en décéda par la suite, le soldat en resta fort mal et le troisième extrêmement affecté.
Cependant, le loup mourut dans le combat.
Texte reproduit tel qu’il fut noté dans le registre paroissial de Souillé (proche de Sainte-Jamme).
Si une personne ou un animal a esté mordu, d'une beste ou personne enragée. S'il y a une playe entammée, il faut la nettoiée avec un ferrement (outils en fer), sans cousteau qui sert a manger, sans rien coupper s'il ny a quelque partie deschirée qui se puisse rejoindre l'autre avec du vin et de l'eau un peu tiéde avec une pincée de sel autant quon en peut prendre avec trois doigts dans une salière. Les playes étant nettoiées il fault avoir de la rue sauge et des marguerites sauvages, feuille et fleur, une pincée de chaque ou plus à proportion sil y avait bien des playes ou plusieurs personnes à penser pour chaque personne ou play.
On peut mettre plusieurs marguerites et de la racine d'argancier ou rosier sauvage, de la racine de scorsonère ou cinq ou six bulbes d'ail de la grosseur d'une noisette. Il faut piler l'argancier et la sauge dans un mortier et les autres sortes dans un mortier avec une pincée de gros sel et faire un marc du tout. Il faut mettre du marc sur la playe et si elle est profonde, du jus et puis la bander jusque au lendemain. Prendre du marc gros comme un œuf avec un verre de vin blanc. Piler dans le mortier et le passer avec un linge et donner à boire au patient et luy faire laver la bouche avec du vin et de l'eau, ,
Pour estre de mauvais goust laquelle potion et l'empescher dy entrer a jeun et ne boire et manger que 3 heures après il faut pendant 9 jours mettre du marc sur la playe et la racler prendre neuf jours durant la potion au matin jusques à la neufiesme fois. Si dans les neuf jours les playes ne sont gueris on les pensera comme de simples playes et passés les neufièmes converser avec le monde sans danger ce qu'on ne doibt faire avant particulièrement si la personne a esté mordue longtemps avant que de prendre des remèdes.
Jadis on proposait çà et là des remèdes nombreux et variés contre la rage… L’un d’eux consistait à prendre des bains de mer ! Chacun de vous, lecteurs, pense ce qu’il veut mais avant les travaux de Pasteur, beaucoup en moururent !
Dessins de GAP †