Impossible d'évoquer Château l'Hermitage sans rappeler que la dynastie des Plantagenêt régna sur l'ouest de la France et principalement sur l'Anjou et le Maine. En effet, si l'origine du prieuré tirerait son nom de l'installation d'ermites sur la bute toute proche de Saint-Thibaut, au XII e siècle, Geoffroy Plantagenet fait don de plusieurs possessions et droits pour la construction d'une église dédiée à la Vierge Marie. La protection de la dynastie est confirmée à plusieurs reprises, notamment en 1156 par Henri II, roi d'Angleterre. Les droits, pâturage et panage, s'étendaient jusqu'à la forêt de Bercé. D'autres familles suivent l'exemple et le prieuré connaît une longue période de prospérité.
Malheureusement la Guerre de Cent Ans arrive et il n'en va plus de même. Entre le Comté du Maine, situé entre la Normandie, tenue par les Anglais, et la vallée de la Loire, siège du pouvoir Royal français, le prieuré connaît de nombreuses vicissitudes. Le Loir devient la ligne de résistance aux Anglais et Château l'Hermitage est l'une de leurs places fortes avec Sablé, Vendôme et Lavardin. Les années 1427-1433 sont particulièrement mouvementées dans le Maine. Le prieuré est alors doté de fortifications et de fossés, des archères sont ouvertes sur la tour du clocher , des bouches à feu pour le tir ...
Cette époque nous amène à évoquer une petite histoire dans la grande, celle de Jean de Bueil et Gilles de Rais, mentionnée dans la documentation «Parcours Vallée du Loir» disponible sur place :
Jean de Bueil fut appelé le fléau des Anglais suite à sa participation à la prise d'Orléans par Jeanne d'Arc en 1429.Il rejoint peu après ses compagnons Guillaume de Brézé et Guy de Fromentières qui tiennent Château l'Hermitage. De là ils mènent plusieurs sorties contre les Anglais. Mais le prieuré aurait également été le siège d'un épisode malheureux à la fin de la guerre entre deux personnages devenus légendaires :Gilles de Rais et Jean de Bueil. Gilles de Rais, capitaine de Sablé, vint un jour à Château l'Hermitage pour s'emparer de la place par surprise, mais Jean de Bueil surprend cette troupe ennemie, s'engage dans les fossés et avertit la garnison mais il est capturé et enfermé dans une des tours du château de Sablé. Cet épisode est raconté par Jean de Bueil dans le roman «Le jouvencel» considéré comme le premier roman militaire français.
Le prieuré est reconstruit au XVII e siècle et connaît une période fastueuse jusqu'à la Révolution. L'un des prieurs connus est l'évêque René de Daillon du Lude (1526-1600). Aujourd'hui il reste des vestiges de ce brillant passé, notamment l'église paroissiale, une aile du cloître, les piliers du portail, l'ancienne hostellerie (aujourd'hui la mairie), un pavillon d'angle ... Heureusement, à l'époque actuelle, plusieurs propriétaires privés ont œuvré pour sa restauration et le site, bien mis en valeur, mérite votre visite.
Francis Landier