Étudiant brillant, notamment à l’École des Ponts et Chaussées, Louis Harel de La Noë arrive en Sarthe au cours de l'année 1884 où il est chargé du futur réseau de tramways à vapeur.
Le seul portrait connu de Louis Harel de la Noë (1852-1931)
En 1893, il occupe le poste d’Ingénieur en chef de la Sarthe. Sous sa direction, la passerelle métallique dite passerelle Chameau est érigée, installée pratiquement à l’emplacement de celle du Bon-Pasteur qui lui succédera. Elle doit son surnom à sa forme en arc de cercle, très esthétique.
La passerelle dite chameau
Nous lui devons aussi le projet de la gare centrale des tramways à vapeur, projet qui ne sera accepté que bien plus tard. Cette superbe bâtisse, qui longe la rue Paul-Courboulay toute récente, est réalisée entre 1895 et 1898.
Façade de la gare des tramways bordant la rue Paul-Courboulay
La Gare centrale des tramways à vapeur. La Sarthe et des bateaux-lavoirs
Effondrement d’une partie de la gare des tramways dans les années 1910
La gare de ce réseau à La Ferté-Bernard, entre autres, est aussi une superbe réussite du fameux « style nougat » !
Les tramways à vapeur et ceux mus à l’électricité empruntent les mêmes voies dans les rues Gambetta et Montoise. La situation ne peut durer, il faut une solution. La Ville du Mans décide de la construction d’un nouveau pont et fait appel à Louis Harel de La Noë.
Ce qu’il conçoit, sans doute le plus remarquable de son œuvre non seulement mancelle, mais sarthoise, comble la fierté de nos ancêtres : le pont en X ! Il permet de concilier la circulation des automobiles, des tramways électriques et leurs frères à vapeur, tous devant traverser la Sarthe dans le même secteur. L’ouvrage d’art, qui coûte 45 000 francs de l’époque, est inauguré le dimanche 9 octobre 1898, par M. Viger ministre de l’Agriculture, en même temps que la gare des Tramways de la Sarthe.
Automobiles et deux-roues disposent seuls du pont Yssoir. Une des branches de ce X, prévu tout proche de là, est à la disposition des trams à vapeur provenant de leur gare centrale par le quai Louis-Blanc et gagnant la rue Voltaire. L’autre est empruntée par les trams électriques dévalant le Tunnel et prenant la rue Sieyès. Le ciment utilisé est décoré de minéraux et de verre de différentes couleurs, satisfaisant le regard. Pour ce X magistral, Harel reçoit la Médaille d’or lors de l’Exposition universelle de 1900.
Vue du pont en X. Un tramway électrique se dirige vers le Tunnel
Un tramway à vapeur provenant de la gare principale se dirige vers la rue Voltaire
Hélas, de nos jours, toutes ces réalisations ont disparu.
Les restes des ponts Yssoir et en X après le sabotage du 8 août 1944