Bien dissimulés dans une vieille malle de grenier, au fond d'un coffre dans une cave humide, sous le désordre d'une grange encombrée… des trésors oubliés attendent qu'un curieux ou une curieuse vienne les dénicher.
Qu'il s'agisse de vieux manuscrits sur papier d'antan, d'un tableau signé par un artiste inconnu, de lettres échangées par des correspondants anonymes, de photos de famille jaunies, d'une ancienne faïence vernissée… l'émotion est au rendez-vous.
Ces vestiges figés dans leur écrin poussiéreux s'animent à nouveau entre les mains du découvreur. Épargnés par l'eau, le feu, les insectes ou les rongeurs, leur découverte marque souvent le début d'une enquête passionnante !
Celle que je vais vous raconter débute en 2001 dans la sacristie de l'église de La Quinte, près du Mans, quand une dame âgée et bien renseignée me met dans la confidence et m'indique que deux tableaux anciens sommeillent depuis des lustres dans leur enveloppe protectrice, à l'abri des regards. Telle une apparition, ils frappent, tout d'abord, par leur simplicité et la sobriété de leur composition mais aussi par l'expression des visages et l'éclat des couleurs. Entourées du même cadre en bois de dimension identique, ces toiles semblent jumelles.
L'une représente la scène de la Visitation quand Marie retrouve sa cousine Élisabeth, accompagnées de Joseph et Zacharie.
Le tableau est signé et daté : Le nom du peintre ne nous évoque rien. Les documents consultés à l'époque n'apportent pas de réponses. Des amis parisiens, exerçant dans le domaine du patrimoine, ne reconnaissent pas non plus cette signature. À mon grand regret, l'enquête n'avance pas… L'autre reprend le thème récurrent de la Vierge du Rosaire et ne comporte pas d'inscription. Les traits des visages, le dessin des pieds et des mains est délicat et gracieux. Les drapés des vêtements sont exécutés avec un certain raffinement. Bref, leur vue exerce sur nous une sorte de ravissement. Et quelques années plus tard, dans une autre vie dégagée des contraintes professionnelles, enfin s'éclaire le mystère Decherche. Mieux vaut tard que jamais ! Tout un monde de connaissances et de savoirs à explorer, aujourd'hui facilement accessible, permet de poursuivre les recherches sur cette famille d'artistes active aux XVIIe et XVIIIe siècles au Mans et dans la Sarthe. D'autres toiles de leur production ont été identifiées ailleurs sur le territoire. Leur intérêt patrimonial ne fait plus de doute puisqu'elles s'inscrivent dans une période de foisonnement artistique que l'on s'attache à remettre aujourd'hui en valeur.
La Visitation signé De Cherche Pr. Au. Mans. 1736. Photo Dominique Barré 2001
De Cherche. P e Au. Mans. 1736. Photo Dominique Barré 2001
Tableau attribué à Decherche, La Vierge du Rosaire. Photo Dominique Barré 2001
Dans la revue La Vie Mancelle & Sarthoise, un prochain article sera consacré à la famille Decherche.