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Renault Le Mans : le marteau-pilon

Au Mans, "l'usine Renault", qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, a connu de grandes aventures humaines et industrielles. Entre 1940 et 1959, un géant a fait trembler la ville : le marteau-pilon.
Au cours du deuxième semestre 1939, les premiers coups de pioche sont destinés aux fondations qui sont établies à 18 m de profondeur. Si elles partaient du sol, le sommet se trouverait à 25 m et le tout figurerait un immeuble de 8 étages. Le volume de béton de 180 m3 représente un mur de 450 m pour une hauteur de 2 m et une épaisseur de 20 cm. Les chabottes (enclumes) pèsent 350 tonnes et reposent sur trois lits de chênes entiers, équarris, assemblés et croisés. Sur ces lits, une dalle de béton est bloquée, contre les parois, par des traverses de chêne, reposant sur une couche de liège de 80 cm.
Le montage s'effectue six mois après et l'outil de 16 tonnes est opérationnel le 2 mai. Le plus gros marteau-pilon du monde se trouvant aux usines Skoda, en Tchécoslovaquie, celui du Mans occupe la seconde place. C'est un outil matriceur, c'est-à-dire d'estampage permettant les pièces en série de chars, de vilebrequins, de moteurs d'avions et d'essieux de camions. Ceux du Creusot, d'une masse et d'une puissance plus importantes, sont des pilons de forges qui effectuent des pièces à l'unité.

Au Mans, la pleine période s'étend de 1949 à 1956 et le «géant» sera la «vedette» de l'usine, faisant trembler tout ce qui l'environne. L'année suivante, après la naissance de la SAVIEM qui reprend à son compte la totalité des fabrications, le marteau-pilon entrera dans une phase de sommeil prolongé. En équipes, quinze solides gaillards manipulent avec dextérité l'énorme engin et contribuent à la légende des forges. Les nombreux visiteurs sont impressionnés par le feu d'artifice permanent produit par le jaillissement des étincelles dont le caractère est accentué par l'ébranlement du sol. Le clou du spectacle a lieu lors d'une visite "galonnée" (Direction, ingénieurs étrangers, ministres, édiles locaux). Les "costumés" doivent se soumettre à la rituelle démonstration (pariée) du maître d'œuvre qui sollicite le prêt de la montre de l'un d'eux. Délicatement posé sur l'enclume, le précieux objet a toutes les chances d'être broyé si la manœuvre prend une mauvaise tournure. Mais la presse s'abat et s'arrête à quelques centimètres au grand soulagement du propriétaire et sous les applaudissements plus ou moins spontanés du groupe. L'heureux prêteur n'a plus qu'à régler "en liquide" son pari extorqué. Il faut entendre par liquide ce qui est convenu de nommer le jus de la treille, en quantité suffisante, pour étancher la soif de toute l'équipe.


Sortie d'usine en 1953

Le 2 octobre 1959, le marteau-pilon, emblème de l'usine mancelle, cesse sa production et rejoint, en mars 1960, la Société Métallurgique d'Imphy, basée à Pamiers en Ariège. Fin d'une époque !


Louis Renault en 1937



Daniel Levoyer