Il ne s'agit pas ici de décrire un parcours touristique, mais de rappeler brièvement celui d'industriels manceaux qui implantèrent une partie de leur activité à La Turballe, port de pêche de la côte atlantique situé sur la rade du Croisic.
Alfred, Edmond et Gustave Pellier étaient ces industriels. Ils se lancèrent dans les affaires à la fin des années 1830, dans un secteur nouveau mais prometteur, la conservation des aliments par le chauffage, méthode mise au point par Nicolas Appert en 1795. Ils reprirent la première conserverie créée en 1829 au Mans, par M. Le Rebours, ancien directeur des contributions directes (!) qui vendait sa production sous la marque J.Coneau… Son activité consistait alors uniquement dans la préparation des petits pois. Les frères Pellier élaborèrent rapidement une large gamme de conserves, à la fois de légumes et de viande, en ne travaillant que des produits locaux : à ce moment Le Mans n'était pas encore desservi par le chemin de fer.
La première usine Pellier à La Turballe
Á leur catalogue, il ne manquait plus que le poisson. Or, à ce moment, la petite ville de Guérande vendait à faible prix des terrains situés à près de sept kilomètres de son centre et donnant sur le littoral. Là se dressait le hameau de La Turballe ne comptant que quelques feux. Le site convenait à merveille pour l'implantation d'une usine de traitement du poisson d'où émanent des odeurs nauséabondes. Ce qui fut réalisé en 1841.
Usine Pellier Frères - L'emboitage
En plus de l'avantage du bas coût du foncier, les frères Pellier profitaient d'une conjoncture économique favorable avec le développement prometteur du marché de la sardine à l'huile (cette présentation des sardines fut mise au point à Nantes, en 1825). Á ce moment, s'agissant d'un procédé innovant, ce type de conserve était considéré comme un produit de luxe. Avec l'obtention de médailles et de prix à plusieurs expositions internationales, et avec les marchés d'approvisionnement obtenus près de l'Armée, les frères Pellier parvinrent à une certaine notoriété et bénéficièrent de solides rentrées d'argent.
Riche de cette activité qui demandait une main-d'œuvre nombreuse, le hameau de La Turballe vit sa population croître d'une manière significative, à tel point que certaines publications avancent qu'il « se transforme en petite ville champignon ». Cette évolution conduisit l'administration, le 17 mai 1865, à l'ériger en commune indépendante. La population fit confiance au premier employeur de la nouvelle bourgade, Alfred Pellier. Celui-ci assuma la charge de premier maire de la commune du 17 septembre 1865 au 28 juin 1874.
André Ligné